
L’opinion internationale et les médias semblent mettre les événements du Moyen-Orient sous le tapis, le curseur de l’actualité se déplaçant vers d’autres parties du monde. Apparemment, les accords de paix signés à Charm el Cheikh ont mis un rideau cachant les horreurs qui persistent à Gaza. Il n’y a plus de conflit, de souffrances, de faim et d’occupation. On tourne la page.
Pourtant, des journalistes qui ont pris la peine d’entrer à Gaza, après la signature des accords, décrivent une situation tragique et épouvantable. Les Gazaouis profitent du temps de la trêve pour reprendre leur souffle, retrouver leur maison ou ce qu’il en reste, chercher de quoi boire et manger, se soigner ou s’abriter. Les habitants doivent s’habituer au temps de paix et redoutent par-dessus tout le retour des bombardements, de l’errance, du vide bien plus encore que le froid ou la faim.
Mais ce n’est pas tout : voilà qu’à peine dix jours après le cessez-le-feu, l’occupant est revenu à ses réflexes ataviques. On dirait qu’il ne peut s’en débarrasser et que la paix est un concept qui lui est difficile à adopter, étranger à son vocabulaire et à sa politique.
Dimanche dernier, violant la trêve, l’aviation sioniste a bombardé le sud et le centre de l’enclave de Gaza. L’armée a procédé à 120 frappes sur 83 cibles, notamment à Rafah (sud) et Beit Lahia (centre), faisant 45 morts, au motif (récurrent) que des hommes du Hamas ont tiré les premiers. Décidément, toutes les occasions sont bonnes pour continuer à tuer une population vulnérable et sans défense.
L’émir du Qatar, dont le pays est un médiateur clé pour la trêve en cours, a accusé, hier, l’Etat sioniste de continuer à violer le cessez-le-feu après cette série de frappes meurtrières «Nous réaffirmons notre condamnation de toutes ces violations et pratiques en Palestine, en particulier la transformation de la bande de Gaza en une zone impropre à la vie humaine», a-t-il déclaré.
Ce qui est désormais à craindre, c’est cette politique dont le gouvernement sioniste est coutumier et qui consiste à profiter de la période «flottante», floue et imprécise de la fragile trêve pour accélérer et intensifier ses implantations en Cisjordanie (dont Trump n’a pas soufflé mot lors des accords de Charm el Cheikh) et de raser ce qui reste du territoire de Gaza. Un autre point, non moins important, est l’arme de l’aide humanitaire qui reste sous le contrôle de l’Etat sioniste.
Pendant les raids de dimanche, cette aide a été défendue d’entrer dans l’enclave et réautorisée le lendemain sous la pression américaine. Il faut admettre que cette «paix» a un sens pour l’un et un sens pour l’autre.